Comment on a phosphoré sans compter pour un futur désirable…
En tant que cheffe de file des politiques jeunesse, la Région Centre-Val de Loire veut prendre sa part (citoyenne) à la construction d’un avenir meilleur pour les générations de lycéens et d’étudiants durement impactés par 2 longues années de crise sanitaire. En novembre 2021, elle sonnait la mobilisation générale en entamant une grande tournée de sondage auprès des principaux intéressés. Le 29 juin 2022, après 5 mois de concertation, elle passait du tour de table aux tables rondes avec une séquence de restitution à laquelle Clarissa, notre stagiaire de Polytech, a assisté. On vous raconte ici comment les Porte-Voix se sont mouillés pour les EGJ.
Les bonnes intentions des EGJ : caftage fortement recommandé !
Recueillir la parole des jeunes qui ont des choses à dire ! C’est avec cette ambition, que la Région a lancé ses États généraux de la jeunesse en novembre 2021. Cinq mois pour aller à la rencontre des ex-jeunes-confinés, prendre le pouls de ceux qui ont subi le distanciel de plein fouet, tendre le micro et l’oreille dans les classes des lycées, les couloirs des universités, et même sur les trottoirs des villes et des villages… Cinq mois pour recueillir leurs caftages, leurs témoignages, leur expérience de vie, mais aussi leur vision du futur et leurs propositions concrètes pour améliorer leur quotidien, favoriser leur insertion professionnelle et dans la vie locale, faciliter leurs démarches et répondre à leurs besoins essentiels : se loger, se nourrir, se soigner, se déplacer et s’épanouir, tout simplement ! Au total, les EGJ revendiquent 100 points de contact partout en région et 488 contributions et 900 propositions en ligne sur 10 thèmes majeurs (mobilités, santé, orientation, écologie, égalité, précarité, vie citoyenne, aménagement du territoire, voyages, loisirs…). Une belle moisson qui méritait bien une grande restitution, pour faire émerger des lignes de force, saisir les priorités et établir une feuille de route 2022-2028 pour la jeunesse, avec des actions concrètes, à présenter en conseil et à voter. La Région espère, par cette démarche, se prémunir du risque d’une politique « hors-sol » et déconnectée des réalités que vivent les jeunes dans la « vraie vie ». Elle simplement entend prendre des mesures « à leur mesure » !
Quand il y a de la consultation citoyenne dans l’air, les Porte-Voix ne sont jamais bien loin…
Chez les jeunes Porte-Voix, partager ses idées et faire part de son ressenti est une seconde nature. Aussi, lorsque la Région a appelé à la mobilisation pour ses États généraux de la jeunesse, les jeunes Porte-Voix ont répondu à l’appel et se sont mobilisés ! C’est ainsi que le 17 mai 2022, Villes au Carré a créé les conditions d’une contribution des Porte-Voix, réunissant dans ses murs, une poignée d’entre eux avec l’intention de formuler et de soumettre des propositions sur la plateforme « Démocratie permanente ». Autour de la table ce jour-là, des Porte-Voix de moins de 25 ans (Pauline Occelli, Janis Défossé, Chloé Dave, Marie Allain et Clarissa Reali) et de plus de 40 ans (Anne-Béatrice Martinez et Hélène Delpeyroux). Sur la table ce jour-là : l’activation citoyenne des jeunes, ses formes, ses leviers et ses freins, mais aussi des propositions pour l’encourager. De ces échanges à bâtons rompus, et de cette contribution, compilée ici pour vous par Hélène Delpeyroux, nous serions tentés de retenir :
- Le sentiment partagé d’en faire (trop) peu et d’être d’abord citoyen·ne dans son mode de vie ou par des implications ponctuelles (cleans-walks, maraudes…), plus que par des engagements durables et pérennes.
- L’importance des modèles et des rencontres comme leviers d’activation citoyenne et le besoin, pour la faire prospérer, de trouver des applications concrètes et d’être reconnu·e dans cet engagement.
- La problématique temps<>argent, nerf de la guerre qui constitue le principal frein à l’implication citoyenne. Souvent, les jeunes ne trouvent pas le temps de s’engager car ils doivent travailler pour subvenir à leurs besoins essentiels (se loger, se nourrir…).
- La nécessité de mettre en place des dispositifs très concrets pour favoriser l’implication citoyenne : école de la citoyenneté, quotas d’heures d’action citoyenne dans les dispositifs scolaires, ateliers d’empouvoirement, volontariat en service civique…
> Autant de propositions à retrouver dans la contribution des Porte-Voix aux États généraux de la jeunesse de Centre-Val de Loire, à télécharger ici.
Clarissa, notre envoyée spéciale à la journée de restitution du 29 juin 2022
Après avoir compilé l’ensemble des contributions émises durant les 5 mois de la consultation, l’heure était à la restitution, lors d’une après-midi dédiée, avec des intervenants triés sur le volet pour éclairer cette vaste moisson de leurs lumières. Notre assistante-stagiaire chargée de projet Démocratie permanente, Clarissa Reali avait fait le déplacement, toutes ouïes ouvertes ! Sur l’estrade ce jour-là, des élus de la Région (dont le président François Bonneau, des représentants du CESER (Conseil économique social et environnemental régional), mais également des responsables associatifs, des élus du Conseil régional des jeunes… rassemblés pour dégager un état des lieux et des pistes d’action.
Quatre tables rondes avaient été « dressées », en fonction des thématiques qui, au fil des mois, se sont révélées les plus prégnantes :
Table ronde n°1
La précarité grandissante
Table ronde n°2
Le manque de communication et la méconnaissance des dispositifs de soutien et d’accompagnement
Table ronde n°3
Le sentiment d’abandon dans les zones rurales
Table ronde n°4
La question du rôle de acteurs jeunesse et de la Région
Sur le dessus de la 1ère table ronde…
il a beaucoup été question de la COVID-19, de ses impacts sur la santé mentale et sociale de la jeune génération, et de toutes les difficultés qu’elle a révélées ou accentuées dans la vie des jeunes pour (bien) se loger, se nourrir, rester en bonne santé… Les intervenants ont souligné l’impératif de mettre les différents acteurs en ligne, de briser les silos et de les faire travailler ensemble pour que l’offre puisse combler la demande, en forte hausse. Car le manque tient plus souvent de la pénurie… Ainsi, sur Orléans, les 21 000 étudiants doivent se partager ½ médecin à l’Université. Ailleurs, on crée de nouveaux campus sans anticiper la problématique du logement qui surviendra consécutivement, en toute logique. Pour lutter contre la précarité étudiante, il faut des logements accessibles et adaptés, des restaurants universitaires de qualité, des actions de santé préventive…
Sur le dessus de la 2e table ronde…
c’est la question de la nécessaire mutualisation des dispositifs déjà en place à destination des jeunes, qui a été soulevée. En effet, tous les outils existent déjà mais beaucoup d’entre eux ne fonctionnent pas car ils ratent leur cible par manque de visibilité ou de lisibilité. Comment avoir connaissance de tout ce qui existe, faire le tri et savoir à quels droits chaque jeune peut prétendre ? Par quel média ? Faudrait-il envisager un guichet unique pour la jeunesse ? L’application Yep’s, qui rencontre un vif succès, ne pourrait-elle pas servir de passerelle et centraliser toutes les offres à destination des jeunes ?
Sur le dessus de la 3e table ronde…
c’est un sujet rebattu mais jamais réellement pris en compte dont il a été question. Le sentiment d’abandon et d’isolement des zones rurales touche aussi les jeunes. À travers lui, c’est notamment les déserts médicaux, la pauvreté de l’offre sportive et culturelle mais surtout le manque d’infrastructures pour se déplacer à volonté et rejoindre la ville la plus proche, qui est pointé du doigt. Pour ne plus se sentir délaissé et à l’écart de la vie sociale, économique et citoyenne, on réclame plus de transports collectifs, plus d’investissements en faveur des mobilités douces pour mailler tout le territoire, éliminer les zones blanches et relier villes et campagnes dans une même unité de vie.
Sur le dessus de la 4e table ronde… on a mis en avant un sujet qui nous est cher et que les jeunes Porte-Voix ont débattu à leur façon, à travers leur contribution et leurs propositions : celui de l’engagement des jeunes. Avec cette question : pourquoi les cours d’EMC (Éducation morale et civique) ne parviennent pas à « transformer l’essai » et à convertir la théorie en exercice pratique et quotidien ? Le manque de temps (conséquence du manque d’argent) apparaît comme une cause évidente mais elle n’est pas la seule. Il est nécessaire de créer les conditions de l’engagement, par des cadres précis : délégués, référents, brigades d’élèves contre le harcèlement… Et pour mener à bien ce chantier, le renforcement de la coopération entre tous les acteurs constitue le préalable indispensable.
Consulter le fil conducteur de la restitution, avec ses 4 tables rondes, mises au carré.
5 mois de concertation résumés en 4 minutes 25
5 mois de concertation résumés en 2h34 de tables rondes, à visionner en replay
Si Paris ne s’est pas fait en un jour, les décisions qui auront des impacts réels et mesurables sur le quotidien de la jeunesse ne se prennent pas en 1 mois, pas même en 1 an. Ces États généraux de la jeunesse sont l’affaire d’un mandat : un temps qui peut sembler long, mais une temporalité largement justifiée par la méthode choisie. Car consulter la base, faire le pari de la démocratie participative, c’est embarquer pour un processus de co-construction au long cours, qui réclame de la patience mais qui conditionne aussi la pertinence des futures actions mises en place, leur adéquation aux besoins réels des (jeunes) habitants et favorise leur appropriation.
Patience donc ! Car la dynamique est à l’œuvre…