Les doctorales, entendez par là deux journées de présentations et d’échanges, dédiées aux doctorants et aux chercheurs en sciences humaines et sociales regroupés autour d’un même enjeu : l’analyse des espaces et des territoires.
Ces deux journées ont été ouvertes par le sujet de la Nature au défi de la Ville pour ensuite laisser place à d’autres thématiques de recherche en cours.
Les villes moyennes ont alors été le socle de réflexions communes avec deux thèses tournées vers l’accès aux soins dans ces territoires dans un contexte de désertification médicale. Un sujet crucial pour les villes moyennes de la région Centre-Val de Loire. Plusieurs projets émergents ont été cités en exemple, tels l’ouverture de maisons médicalisées, la réorganisation des maisons de santé selon les besoins des populations ou encore la télémédecine dans les nouveaux services. Ils ont laissé place à des questionnements collectifs : comment les politiques publiques peuvent-elles prendre en compte ces logiques ascendantes ? Comment les innovations qui partent des territoires eux-mêmes à l’initiative de mouvements associatifs et coopératifs, donnent-elles naissance à des projets adaptés aux besoins locaux ?
Les échanges se sont poursuivis avec la question des dynamiques des centre-villes marchands des villes moyennes à partir du travail de thèse en cours de Marianne Petit. Depuis novembre 2020, Marianne mène sa recherche auprès du laboratoire “Discontinuités” de l’université d’Artois.
Son objectif ? Interroger la place du commerce dans quatre villes moyennes situées dans des territoires fortement urbanisés en région Haut-de-France et en Belgique. Cette étude s’inscrit dans le renouveau de la géographie du commerce, notamment avec la remise en question des modes de consommation ou encore l’intérêt grandissant pour les villes moyennes depuis la crise sanitaire.
L’espace marchand est-il le même pour tous ?
Pour tenter de répondre à cette question, plusieurs dispositifs ont été déployés, à commencer par l’utilisation de la carte mentale. En empruntant le lexique de la géographie subjective, Marianne demande aux habitants, commerçants et décisionnaires de la ville de dessiner le centre-ville. Les différents périmètres sont ensuite superposés. Peut-on alors y lire des concordances, des différences dans les délimitations données ?
Marianne a également eu l’idée de mettre en place une méthodologie de recherche tout à fait innovante : l’utilisation du jeu pour interroger les habitants sur leurs pratiques de consommation. Deux grandes plaques Légo représentent deux périmètres : la ville et son centre-ville. Les habitants y positionnent des briques qui correspondent aux espaces verts, aux bars, restaurants et autres lieux de loisirs.
La reproduction de l’espace de consommation laisse ainsi place à la parole tout au long du jeu. Les expériences de consommation, les lieux fréquentés sont racontés par les personnes. Après une semaine d’expérimentation de l’outil, Marianne a pu observer que, parfois, les activités des consommateurs ne sont pas forcément situées dans les centres-villes des communes étudiées mais dans les centres des communes voisines. Constat qui l’amène à s’interroger sur l’organisation du maillage territorial des régions étudiées.
L’étude suit son cours …Ses conclusions pourront venir nourrir les réflexions des acteurs engagés dans la revitalisation des centres-villes et bourgs en Centre-Val de Loire.
Merci aux doctorants Lucas Bompart, Johanna Dufau, Olivier-Valentin Dinter pour la communication de leurs travaux, merci à Marianne Petit pour le temps de discussion autour de sa recherche actuelle et merci aux coordinateurs du Comité d’organisation des Doctorales dont Abdelillah Hamdouch, Vice-président de Villes au Carré.
Pour découvrir la “géographie subjective” de Catherine Jourdan
« Géographie subjective » – Conception collaborative de cartes collectives (strabic.fr)
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