La journée sur l’entrepreneuriat a marqué le lancement d’un nouveau cycle régional sur le “développement économique dans et pour les quartiers” engagé par Villes au Carré en partenariat avec l’Etat, le Conseil régional Centre-Val de Loire et la Caisse des dépôts.
Il vise à promouvoir un potentiel économique à travers les contrats de ville et les projets de renouvellement urbain. Cela implique un dialogue nouveau entre acteurs de la politique de la ville et acteurs du développement économique. Cette nécessaire alliance était au coeur des propos d’ouverture de Charles Benoit Heisick, président fondateur du Rameau qui présentait l’étude Phare sur l’état des coopérations territoriales, facteur d’innovation.
La journée a été l’occasion de valoriser des initiatives inspirantes en région Centre-Val de Loire par le témoignage des d’entrepreneur·es et des structures d’accompagnement à la création d’entreprises, pour donner à voir l’énergie positive des quartiers, souvent mal connue. Ces portraits sont réunis dans la publication “bouquet d’initiatives”.
Retrouvez l’intégralité de la synthèse ICI.
Depuis la loi Lamy en 2014, le développement économique est un des trois pilier des contrats de ville et une composante essentielle des nouveaux programmes de renouvellement urbain; 20% du budget des contrats de ville est préconisé pour ce pilier.
En ouverture, Luce Vidal-Rozoy, directrice régionale adjointe de la DRDJSCS Centre-Val de Loire, Loiret a mis en avant l’enjeu majeur et structurant du développement économique pour l’avenir des quartiers prioritaires de la politique de la ville (QPV); c’est un des leviers pour réduire les inégalités et favoriser l’intégration de ces territoires. Une attention particulière doit être portée aux femmes et jeunes qui sont plus fortement touchés par les effets du chômage; les femmes ne représentent que 22% des entrepreneur·es des quartiers.
Alban Marché, directeur de l’économie au Conseil régional Centre-Val de Loire a témoigné que dans la feuille de route stratégique partenariale du Schéma régional de développement économique d’innovation et d’internationalisation (SRDEII) l’entrepreneuriat est une orientation majeure. Dans l’optique de renforcer la culture entrepreneuriale chez les jeunes, le conseil régional soutient le programme PEPITE et le concours Graine de Boîte.
Table ronde sur la coopération au service du développement des territoires
Cette première table ronde visait à situer la création d’activité dans le champ du développement économique au sens large de l’économie plurielle. Toutes les opportunités territoriales doivent être activées pour soutenir cette envie d’entreprendre plus forte qu’ailleurs.
Charles-Benoit Heidsieck, président fondateur du Rameau est venu présenter le panorama régional issu de l’étude nationale PHARE. Cette étude analyse comment les associations, les entreprises, les citoyens et les élu·es voient les fragilités de leur territoire pour en dresser un diagnostic. Il en ressort que la co-construction a une portée d’innovation qui peut être un levier pour faire émerger de nouveaux moteurs de développement économique par l’entrepreneuriat territorial. Ce que les fondamentaux de la politique de la ville ont toujours prôné.
Jean-Luc Coopman, directeur régional de la Caisse des Dépôts propose la création de la Fabrique à entreprendre en Centre-Val de Loire. Pour agir efficacement, les réseaux doivent intervenir ensemble et en bonne articulation. Les réseaux de la création agissent en ambassadeurs des quartiers prioritaires en y faisant émerger des initiatives ce qui renforce leur attractivité pour les entreprises. La CDC finance également l’immobilier d’activité dans les quartiers par un hébergement dédié: pépinières, couveuses et hôtels d’entreprises.
Nouveaux outils économiques aux services des projets
Sébastien Nérault, directeur régional de Centre Actif a présenté les dispositifs : la Garantie quartiers et Cap’jeunes qui facilitent l’obtention d’un prêt bancaire et protègent les porteurs de projets grâce à l’exclusion des cautions personnelles. Le dispositif Cap’jeunes est destiné aux jeunes de moins de 26 ans, demandeurs d’emploi ou en situation de précarité ayant un projet de création d’entreprise.
Florent Lepert, délégué aux financements et à la garantie explique que de même que Centre Actif, l’objectif de la Banque publique d’investissement (BPI) est que les porteurs de projet s’engagent le moins possible en garantie. La différence porte sur les plafonds qui sont dans leur cas très élevés (jusqu’à 3 millions d’euros). La BPI accompagne également les créateurs d’entreprises et de l’innovation offrant plusieurs dispositifs.
L’association pour le droit à l’initiative économique aide aussi les personnes qui n’ont pas accès au crédit bancaire à créer leur propre emploi. Alexandre Dufau, délégué régional à l’ADIE, a présenté la nouvelle offre de formation en ligne. Le site de l’ADIE est devenu une plateforme d’accueil numérique dédiée aux porteurs de projets. Ce développement de nouveaux outils numériques permet un accompagnement en présentiel plus soutenu qui accélère le parcours des demandeurs.
Mosaïque de témoignages d’entrepreneur·es, de structures et d’outils d’accompagnement
Pour incarner et donner à voir des dynamiques engagées dans les quartiers en région Centre-Val de Loire cette séquence a laissé la parole à des bénéficiaires et à des structures d’accompagnement à la création d’entreprises. Sur les huit entrepreneur·es, 5 sont des femmes et 4 ont moins de 30 ans. Un article est consacré à ces témoignages qui sont à retrouver sous forme de fiches-portraits.
Retrouvez ICI l’intégralité des témoignages
Des idées pour favoriser l’entrepreneuriat des quartiers
Convaincu que le frein majeur au développement économique des quartiers est le déficit de réseau, la couveuse PES 45 a fait évoluer ses activités pour mettre en relation les porteurs de projets avec “la vraie vie” économique. PES 45 est en lien avec de nombreux acteurs du territoire comme la BGE Loiret, la maison de l’emploi, la mission locale, les services d’Orléans métropole… Mehdi Rhoulam, directeur de PES 45 et du réseau régional des couveuses a présenté le projet de plateforme numérique pour faciliter la mise en relation entre entreprises privées et entrepreneur·es des quartiers.
L’ESS pour renforcer l’économie dans les quartiers
Pour Caroline Dumas, directrice de la CRESS CVL, les acteurs qui relèvent de l’ESS peuvent l’être non seulement par leur statut, mais aussi par leur façon d’envisager leurs activités et leurs méthodes. Ils permettent un décloisonnement entre les populations, de faire le lien avec les collectivités et avec l’économie classique et participent ainsi au développement des territoires. L’un des enjeux de l’ESS aujourd’hui, notamment dans les quartiers est la mobilisation de la jeunesse puisque 1/3 des habitants des QPV a moins de 30 ans. L’objectif est de transmettre les valeurs et principes de l’ESS afin de contribuer à la construction d’une société plus coopérative.
Conclusions
Patrice Greliche, directeur régional de la DIRECCTE Centre-Val de Loire et Jean-Patrick Gille, conseiller régional et président de Villes au Carré ont conclu cette journée. Ils partagent le sentiment que cette journée a permis à la fois de traiter d’une thématique fondamentale, celle du développement économique dans le cadre des quartiers prioritaires et aussi de parler autrement de la politique de la ville et des quartiers. Elle a rendu compte de la richesse et diversité des possibilités d’accompagnement à la création d’activité et des liens de coopérations entre les acteurs du territoire. Cette journée en appelle d’autres de ce type.