De nouvelles manières d’habiter le coeur des villes avec l’habitat inclusif, participatif, intergénérationnel
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Dans cette séquence, les trois intervenants vont témoigner tour à tour de la force des alliances qui se nouent dans des territoires entre collectivités et opérateurs pour trouver des solutions innovantes et adaptées à des contextes très différents. Résultat : une offre nouvelle d’habitat en cœur de ville ou bourg, complémentaire de l’offre existante et destinée le plus souvent à la population locale. Comme le dira Sylvain Grisot dans sa conclusion : « Avec ces opérations on sort du standard pour faire du cousu main. ». Ça se passe au cœur de villes ou de villages en région Centre-Val de Loire…
Sancoins transforme l’école Hugues Lapaire en habitat partagé et inclusif
L’intention n’annonce a priori rien d’extraordinaire, et pourtant le récit que va nous faire David Souchet sur la genèse et le montage de cette opération partenariale nous impressionnera tant par les ambitions affichées que par la détermination des acteurs engagés -à commencer par la commune (3 000 habitants)- et l’intelligence déployée à toutes les étapes.
Si l’on résume, à partir de l’ancienne école de Sancoins vouée à la démolition (désaffectée depuis 2010), la commune, le Relais 18 et la Foncière Chênelet, en association avec les artisans locaux, vont créer 13 logements locatifs sociaux et écologiques destinés à un public vieillissant et à des personnes isolées ou en situation de précarité. Le chantier va aussi permettre la formation certifiante en éco-construction (sur une durée de 15 à 18 mois) d’une dizaine de salarié·es en insertion (6 500 heures d’insertion et 1 500 heures de formation).
L’opération est également remarquable du point de vue social. Les futurs locataires sont identifiés très tôt, des habitant·es de la commune pour la plupart dont certains sont encore propriétaires mais souhaitent avec l’âge se rapprocher du cœur de ville. Toutes et tous vont être associés à ce projet d’habitat pas ordinaire qui outre un niveau de qualité élevé et des charges maîtrisées, leur offre la possibilité de s’investir dans la vie collective du lieu à partir d’une salle d’animation (ouverte aux associations locales), d’une cuisine adaptée (domotique) et d’un jardin partagé. Le Relais 18 a même obtenu le financement pour 3 ans d’une animatrice pour accompagner la création et la vie du collectif de locataires.
Les soutiens de la Région Centre-Val de Loire, de l’ANAH, de l’État, de la Banque des territoires, des Caisses de retraite, de l’ARS, du Département… ont permis la réalisation de ce projet innovant, inauguré en septembre 2021, 5 ans après les tout premiers échanges.
Écoutez David Souchet
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- Support de présentation de David Souchet
- Vidéo réalisée par Map 36 sur l’école de Sancoins réhabilitée – Mai 2022
- Découvrez l’association le Relais 18 et ses axes d’intervention (emploi/insertion, logement/hébergement, accès aux droits/aide aux victimes).
Une résidence intergénérationnelle dans l’ancien foyer Élisabeth de Thuringe à Chartres
Cette opération en voie d’achèvement se situe dans le périmètre de l’Opération de revitalisation de territoire (ORT) de Chartres. Elle met en scène la ville de Chartres et son CCAS, la Congrégation des sœurs de Saint-Paul, propriétaire du bâtiment et la Fondation Habitat et Humanisme, maître d’œuvre de l’opération et gestionnaire de la future résidence (via l’association locale Habitat et Humanisme, ses salarié·es et ses bénévoles).
À l’issue de sa complète transformation, l’ancien foyer de jeunes travailleurs (69 places-transféré et agrandi dans un autre quartier) accueillera une offre nouvelle pour des personnes à faibles ressources, isolées : familles monoparentales, seniors non dépendants et jeunes, dans une dynamique de convivialité, de solidarités de voisinage et d’échanges d’expérience : 18 logements pour des séniors, des jeunes et une pension de famille de 12 logements, gérées par un couple d’hôtes.
Ce n’est pas la facilité qui a été choisie avec ce projet. Il aurait été plus simple de valoriser cet ensemble bâti en le vendant à la promotion immobilière privée, les offres n’auraient pas manqué dans ce secteur assez préservé de la ville et proche des équipements. Mais ce n’était ni le projet de la ville de Chartres, ni celui de la Congrégation qui lui ont préféré un projet à vocation sociale, répondant à une demande locale. Pour la Ville et la Communauté d’agglomération, cette première opération d’habitat inclusif ouvre la voie à d’autres réalisations similaires en mutualisant l’ingénierie de projet.
Il aura fallu du temps (5 ans) et un portage fort et continu de la collectivité pour réunir les conditions de faisabilité de ce projet multipartenarial sur les plans technique (bâtiment basse consommation énergétique), économique (montage financier complexe) et social (médiation et animation sociale du collectif de résidents). Ce dernier volet a fait l’objet d’une attention particulière car « Il ne suffit pas de faire cohabiter des locataires d’âges différents pour que se crée une dynamique intergénérationnelle. » indique Rémi Trocmé. « L’implication d’Habitat et Humanisme est vraiment une très grosse plus value pour veiller au vivre ensemble dans la résidence, c’est l’assurance que ça fonctionnera dans le temps. »
Écoutez la présentation de cette opération par Rémi Trocmé
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- Support de présentation de Rémi Trocmé
- Découvrez le projet sur le site d’Habitat et Humanisme et les modalités d’intervention de l’Association
Des logements adaptés au vieillissement au coeur de l’opération de revitalisation du centre de Valloire-sur-Cisse (Chouzy-sur-Cisse)
L’histoire commence en 2015 avec une demande adressée par la mairie de Chouzy-sur-Cisse* au CAUE 41 pour analyser le fonctionnement du bourg. Traversée par une départementale qui phagocyte sa dimension urbaine, la place principale remplit difficilement sa fonction de centralité. Un projet global de requalification du cœur de bourg est projeté intégrant le réaménagement des espaces publics, la rénovation et l’extension de l’épicerie communale, le développement de l’offre médicale (construction d’une pharmacie et d’un pôle médical) et la construction de six logements dont deux adaptés aux seniors.
La suite nous est racontée par Denis Lebert. L’originalité de l’opération réside dans son montage opérationnel : les deux maîtres d’ouvrages, la commune et Terres de Loire Habitat vont s’associer dans le cadre d’un groupement de commande pour choisir un maître d’oeuvre unique (Construction/rénovations et espaces publics) à l’issue d’un concours d’architecture. Ce sera le cabinet Oglo, à Paris, mandataire de l’équipe de maîtrise d’œuvre qui comprend l’atelier « Vert Latitude » et le bureau d’études « Orling ».
Pour Terres de Loire Habitat, habitué des montages opérationnels, ce projet est tout de même un challenge qui amène ses équipes à sortir des sentiers connus pour apporter une solution globale en ingénierie à la commune : conduite d’opération de l’ensemble du projet, coordination du groupement de commandes (choix de l’architecte et des entreprises de travaux), maîtrise d’ouvrage et portage immobilier du pôle médical hors de portée pour la commune et maîtrise d’ouvrage des logements : « Motivant » dira Denis Lebert, « une anticipation des dispositions de la loi ELAN » !
Sur les 6 logements construits, deux logements de plain-pied sont adaptés au vieillissement. Ils ont bénéficié d’un fort taux de subvention (Région, Département, CARSAT) pour les doter d’un pack domotique très complet qui en fait des logements démonstrateurs. Les équipements sont en effet évolutifs pour répondre à la situation des locataires au fur et à mesure des relocations et des situations personnelles des locataires.
*Chouzy-sur-Cisse, 2 000 habitants et 2 500 depuis sa fusion avec 2 autres communes pour donner naissance à la commune nouvelle de Valloire-sur-Cisse
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Mesurer, qualifier la vacance en coeur de ville ou bourg
Mobiliser les propriétaires de biens vacants et accompagner de futurs acquéreurs